Julien Peron : « tout part de l’éducation »

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© Emmanuelle Freget

Julien Peron est le fondateur de Neo-bienêtre et Neorizons, également porteur du projet « l’école de la vie ».

// Christian Coste : éco-responsable est un terme que vous mettez en avant dans vos activités, c’est un Leitmotiv ?

Julien Peron : « en 2003, quand on a créé Neorizons, on ne parlait pas de tout ça. Puis le Greenwashing est passé par là. Eco-responsable, ce n’est pas forcément responsable par rapport à l’environnement. En réalité c’est plus proche de la permaculture, (laquelle consiste à prendre soin des gens, soin de la nature, a partager équitablement – ndr). Est-ce qu’il y a une vraie définition d’éco-responsabilité ? Vous savez quand je pose la question, c’est quoi le bonheur pour vous ? (lien vers la chaine youtube) en réalité, c’est 7 milliards d’individus, 7 milliards de définitions. Je pense que ça pourrait être pareil pour éco-responsable.

Avec Neorizons, on est positionnés sur le bien-être et le développement personnel, pas sur l’écologie, mais quand on part dans un pays, c’est tellement évident de faire attention à l’environnement, à l’humain, d’être bienveillant, c’est une question de bon sens. Neorizons c’est l’alternative au tourisme de masse. Il faut savoir que ce n’est pas plus cher de partir éco-responsable. Moi depuis 25 ans que je voyage, je suis en mode slow-travel avec mon sac à dos ;  ça me coûte moins cher, parce que je vais chez des gens, parce que je vais manger dans la rue. Tout est dans le regard que l’on porte sur les choses. On peux voyager avec peu de moyens. Après aller poser sa serviette dans un hôtel 5 étoiles, c’est un autre choix. Vous savez, tout part de l’éducation ».

CC : peut-on faire un voyage éco-responsable en se promenant en avion dans tous les coins de la planète ?
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JP : « tout dépends des opérateurs. Ça dépends du responsable, de son  éthique. Après c’est vrai, il y a une contradiction ; à partir du moment ou l’on fait partir des gens à l’autre bout de la planète avec 8 ou 12 heures de vol et que l’on considère que les avions sont parmi les transports qui polluent le plus, c’est sûr il y a une contradiction. Mais est-ce que ce n’est pas aux compagnies aériennes de faire quelque chose. Ce n’est pas comme si elles n’étaient pas au courant. Ce n’est pas comme si elles ne pouvaient pas avoir du carburant beaucoup plus propre. Si on prends l’exemple du Costa Rica, il a limité les vols . Il y a un nombre limité de vols pour justement moins polluer la planète. Je crois que tout le monde doit se remettre en question, pas seulement les acteurs qui proposent des séjours, pas non plus simplement la personne qui part à l’autre bout du monde. Tout le monde doit essayer de faire quelque chose à son échelle ; le voyageur, la compagnie aérienne, les prestataires locaux sur place ».

CC : une compagnie aérienne que peut-elle faire selon vous  ?
JP : « essayer peut-être de trouver des carburants plus propres. Ce n’est pas comme si c’était impossible. Il y a des solutions. A l’échelle des compagnies aériennes, je ne suis pas assez calé pour m’avancer, mais dans le monde des voitures, on pourrait très bien tourner à l’eau (ou plus exactement à l’hydrogène – NDR). On a tout, la technologie, on sait que ça marche. Il y a 10 ou 15 ans en arrière quand j’étais sur Paris, je me rappelle d’un salon de la voiture ou il y avait pour symbolique un camion de pompier qui tournait à l’Hydrogène. On a les moyens de le faire pour les voitures, pourquoi pas le monde de l’aérien ? »

CC : ne peut-on pas aller à la rencontre de l’autre à 200 mètres de chez soi plutôt que d’aller à 8000 Kms ?
JP : « si on coupe un pays du tourisme, on le coupe d’un gain économique qui est fondamental et c’est un point important. Est-ce que c’est bon de se couper des autres dans une société ou on est hyper-connectés, ou on recherche justement la connexion pour créer du lien. Je suis pas sûr que sous prétexte de dire, voilà je suis éco-responsable, je dois décider de ne plus aller dans un autre continent. C’est à tout le monde d’essayer de faire en sorte que l’on puisse tendre vers plus de bon sens ». Et puis c‘est hyper important d’aller se confronter à une autre culture. Quant aux transports, il faut espérer que le projet Solar impulse prenne de l’ampleur pour les générations suivantes. S’il y a des acteurs qui doivent travailler sur la pollution ce sont les industriels, ce n’est pas nous en tant que consommateurs qui polluons le plus. »

CC : ah bon ?!
JP :
« non je ne trouve pas. On nous donne des voitures, on nous pousse à la consommation. »

CC :  ça c’est une façon de déresponsabiliser l’individu pour le tranquilliser, non ?
JP :
« non pas forcément ! On est tous responsable d’accord mais c’est quand même les industriels qui fournissent le matériel. Et il ne faut pas oublier qu’on est conditionnés à ne pas trop réfléchir et à être plutôt des moutons. On est dans un système. On n’est pas conditionné à aller chercher des produits bio, à faire attention là où l’on met notre argent, à qui on donne notre argent, on n’est pas éduqués dans ce sens là. On est plutôt éduqués à l’inverse, à ne pas trop réfléchir. Tout part de l’éducation !

Je n’accuse personne mais je pense que tout part de l’éducation. On est conditionnés pas les médias, par les politiques, par le système dans lequel on est. Et il ne suffit pas d’avoir bac+ 8 pour s’en apercevoir. Il ne faut pas jeter la pierre, ni aux industriels, ni aux particuliers, mais plutôt partir du constat que de toute façon, l’éducation est centrale. »

CC : Vous venez d’organiser en septembre la deuxième édition du Festival « l’école de la vie » qui préfigure la création d’un lieu, d’une école. Après le voyage éco-responsable, le réseau des professionnels du bien être, vous travaillez sur l’éducation donc ?

ecole-de-la-vieJP : « oui, si on essaie de faire en sorte que les individus soient beaucoup plus conscients de ce qui se passe et qu’ils sont accompagnés à se révéler dans ce qu’ils sont, inévitablement, on tend vers une société qui aura plus de bon sens ; on ne sera pas dans la compétition, mais plus dans la coopération. Et l’écologie sera une réalité pour toutes et tous. Encore une fois, tout passe par l’éducation. Parce que si on part de l’éducation, on résout l’équation. Si on accompagne les enfant dès leur plus jeune âge à révéler ce qu’ils sont réellement, ils se dirigeront vers une activité professionnelle qui leur correspond parfaitement. Et là c’est tout gagné pour la planète, c’est tout gagné pour tout le monde.

Je suis convaincu que au moins 50% de la population fait un travail purement alimentaire, c’est à dire qu’ils ne sont pas du tout épanouis dans ce qu’ils font. C’est juste parce qu’il faut ramener de l’argent à la maison, il faut payer les factures, etc. Le but premier c’est quand même de « s’éclater » dans son job. Que se passe t il ? Les gens travaillent dans un job qui ne leur plaît pas avec toutes les contraintes, ils rentrent chez eux, et après ? la retraite ? La retraite comme elle est proposée c’est juste illusoire. »

CC : quelles sont les priorités pour vous ?
JP :  « l
a priorité pour moi et là je rejoint Pierre Rabhi, il faut revoir l’agriculture. A partir de là, on change tout, on change la consommation.
Je trouve qu’il y a énormément de personnes qui passent à l’acte, mais ils ne sont pas médiatisés. Avec neo-bienêtre, on a plus de 10 millions de personnes qui ont vu le site. Moi je me dis à chaque fois que c’est une graine qui a été semée.

Il faut qu’il y ait des porteurs de projet qui font bouger les choses. Le constat c’est que visiblement, on a des soucis environnementaux dont on est tous et toutes responsables. »

Liens pour aller plus loin :

http://www.neobienetre.fr/

http://www.neorizons-travel.com/

http://ecole-de-la-vie.fr/qui-sommes-nous/

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