Pour une croissance écologique !

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Pour les un(e)s, le capitalisme, le libéralisme, tout comme le communisme ou le socialisme,  sont les principales causes des problèmes écologiques. C’est le productivisme qu’il soit capitalistique ou collectiviste, qui produit des conséquences désormais bien identifiées : pollutions des sols, de l’air, des milieux aquatiques et de l’ensemble des espaces marins.  Il ne reste à la surface de la planète que peu de personnes pour avancer le contraire du constat suivant : les activités humaines sont terriblement polluantes. L’influence anthropique dans les désordres écologiques est désormais évidente. Il faudrait donc selon certain(e)s,  ralentir, voir faire décroitre la production et la consommation de biens et services. C’est ainsi qu’est apparu le concept de décroissance lequel s’appuie sur la théorie de l’effondrement et de la collapsologie avec comme axiome : « on ne peut plus croître dans un monde fini ».

Charlie Chaplin

Charlie Chaplin – Les temps modernes. 1936

D’autres considèrent que l’écologie, qui est avant tout une science, pose problème, car elle produit des contraintes nouvelles supportées par la machine productiviste. Cette contrainte freine l’économie qui elle vise à faire vivre et tourner l’ensemble des activités humaines avec comme vertu, sa capacité à détruire la pauvreté et ouvrir en grand les portes du génie humain.

Bref, deux camps s’affrontent sur le même terrain et les règles du jeu n’étant pas partagées, c’est match nul, balle au centre. football

Afin que le match ne se termine par des tirs au buts après les prolongations, de nouveaux concepts ont émergés pour tenter de concilier économie, donc croissance économique, et écologie : développement soutenable (sustainable development), devenu développement durable en français, puis croissance verte et (ou) bleue. Nous savons désormais qu’il n’y a pas de génération spontanée, pas plus en biologie (merci Pasteur) que dans toute autre science et activité humaine et bien entendu dans tout processus physique, chimique et biologique. Les nouveaux concepts qui tentent de rapprocher le productivisme et l’écologie sont apparus par un processus de transformation de la pensée, consécutif à l’accumulation des connaissances et des savoirs. Afin de ne pas remonter aux origines de la vie sur terre et d’alourdir ainsi mon propos, je choisi trois périodes du XXème siècle, pour poser les bases de l’émergence de ces concepts.

La croissance verte

La croissance verte

Théodore Roosevelt s’inquiétait déjà en 1909, de la destruction des ressources naturelles qui risquait d’ôter le droit à la vie des générations futures. En 1972, le club de Rome publiait le rapport The limits to growth ,  également connu sous le nom de rapport  Meadows . En substance, ce rapport alors controversé, prévoyait un XXIème siècle compliqué pour la vie sur terre avec la pollution, l’appauvrissement des sols, la raréfaction des énergies fossiles. En 1987, l’ONU présentait le rapport Brundtland  » Notre avenir à tous », à l’origine d’un nouveau concept, le développement soutenable, lequel proposait d’inscrire la croissance économique dans une perspective de long terme en intégrant les contraintes liées à l’environnement et au fonctionnement de la société.

Nous étions sauvés ! En un siècle d’analyses, de réflexions, d’études systémiques et transdisciplinaires, inspirant les personnels politiques, l’humanité avait atteint la maturité et les règles du jeu étaient désormais communes, économie et écologie pouvaient jouer ensemble sur le même terrain, s’éloignait ainsi la peur des tirs aux buts. Il faut bien reconnaître qu’il n’y a rien de moins sportif qu’un match qui se termine par ce truc bizarre façon roulette casino.

Et bien non, nous ne sommes pas encore mature. Le développement durable, la croissance verte et bleue ont essentiellement produit du greenwashing. Tous les indicateurs sont au rouge. Rapports après rapport, le GIEC sonne l’alarme. Les gouvernements essaient de résoudre la difficile équation économie + écologie = ? (E+E=). Les entreprises se verdissent quand il y a un marché. L’agriculture est devenue schizophrène. Chacun(e) est désormais bien conscient du problème et l’humanité est à un tournant décisif de son évolution.

L’écologie est une science, c’est aussi un projet politique porté par des militant(e)s depuis les années 70 et aujourd’hui dilué dans tout le prisme des tendances idéologiques et partisanes. C’est aussi un mode de vie (la fameuse sobriété heureuse de Pierre Rahbi)  qui est en France la voie la plus entendue. Il existe un mouvement à forte inertie qui avance à pas de tortue (à la fin la tortue franchie quand même la ligne d’arrivée avant le lièvre) et crée de ci de là un archipel d’initiatives résolument engagé dans, le zéro déchets, l’autonomie énergétique, l’alimentation bio, etc. Mais bien que ces initiatives s’inscrivent dans le passage à l’acte vers un mode de vie plus écologique, elles s’impriment dans un contexte marchand lequel à, c’est bien normal, vocation à réaliser des profits afin de se développer. Ainsi, quelque soit l’acte de production et de consommation, il y a une économie qui s’organise. Il est donc logique que toute activité humaine produise de la croissance, soit par le transfert des connaissances, soit par l’échange de biens et services.
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Celles et ceux qui militent pour la décroissance, sont fondé(e)s de se confronter à la réalité : tout est échange, donc tout est économie. Je ne rentre pas dans le débat des indicateurs (PIB ; PNB) car bien entendu, ils peuvent êtres restructurés avec des valeurs de création de richesse revues en fonction des contraintes écologiques.

Les oppositions entre écologie et croissance sont à ce point stériles en terme de résultats, que nous ne parvenons pas à modifier à grande échelle les comportements, tout simplement parce qu’il est extrêmement difficile de s’affranchir de plus de deux siècles d’habitudes. Le génie humain à produit tant d’avancées qu’il est stupide de renoncer aux bénéfices induits. Le revers de la médaille, nous le connaissons : pollutions, surexploitation des ressources, dérives capitalistiques, etc.

Croissance et écologie peuvent si elles le veulent, se marier, se pacser ou vivre en union libre, mais elles doivent s’associer d’une manière ou d’une autre. C’est parce que nous continuons à les opposer que notre biosphère se dégrade chaque année un peu plus. Il ne s’agit plus de croissance verte ou bleue, de développement durable, mais de croissance écologique. Toute décision politique et économique devrait être prise sous la contrainte des effets sur l’eau, l’air, les sols. C’est cela la croissance écologique. Parce que nous pensons avec des mots, nous agissons avec des signifiants.

Un député que j’ai eu « le plaisir » de conseiller, à reprit ce concept que je développe depuis quelques années dans mes activités. Il parlait de croissance écologique dans ses documents de campagne pour les municipales 2020, cependant, son projet politique en matière d’écologie était très éloigné de la croissance écologique. Installer des déchetteries dans les quartiers résout les problèmes d’hygiène dans la ville mais en aucun cas, ne permet de réduire la production de déchets ; c’est donc contre productif en matière de gestion écologique d’une ville. Idem pour la création de nouvelles routes avec la croyance que cela réduirait les embouteillages dans les trafics pendulaires. C’est oublier les mécanismes des effets rebonds.

Qu’est ce que la croissance écologique ? c’est la création de valeur sans les trois fléaux à l’origine de toutes les pollutionssurconsommation, gaspillage, vitesse.
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Tous les maux des catastrophes écologiques en cours sont directement liés à ces trois bases.

Prenons un exemple : les déchets, donc, le gaspillage. Aujourd’hui la solution réside majoritairement dans l’évacuation et le « traitement » des déchets. On recycle, on brûle, on enfouit et on exporte. On traite l’aval et si peu l’amont. Toujours plus de déchets et au milieu de cette économie, quelques boutiques zéro déchets, pour quelques client(e)s. La tortue. A ce rythme, la ligne d’arrivée, c’est dans 100 ans. Que propose la croissance écologique ? prendre le problème à la source immédiatement. Il y a un transfert à opérer. Des solutions existent. Elles sont règlementaires (exemple la fin de certains plastiques à usage unique en France dès janvier 2020). c’est encore la tortue ! elles sont aussi économiques si et seulement si la fiscalité est différenciée. Elles sont psychosociales avec l’accompagnement des populations à l’échelle locale, maison par maison, foyer par foyer. Une entreprise unique en France fait le job et son dirigeant attends encore la concurrence. E3D environnement.
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J’entends déjà celles et ceux qui me diront, la chine, les états unis, l’Allemagne et son charbon etc. Je les comprends. Les COP ne servent à rien, nous le savons. Mais pourquoi ne rien faire ou si peu, sous le prétexte qu’à l’échelle de la planète nos actions seraient négligeables en terme d’effet. Agissons avec les idées claires. Et là franchement, le politique à une lourde responsabilité, au niveau local et national. Créer des déchetteries et inciter au recyclage, c’est en même temps laisser se poursuivre la surconsommation, donc le gaspillage, quand rien ou si peu est réalisé en amont pour réduire voir supprimer les déchets.

La vitesse. vitesse
Cette notion de vitesse irrigue l’ensemble des activités humaines aujourd’hui. Elle est la cause principale des dégâts écologiques. Faut il comme le suggèrent les « décroissant(e)s ralentir ? oui et non ! oui sur la gestion du temps et la consubstantielle garantie de maximiser le minimum d’effort. Par exemple, les transactions financières à la nano seconde qui de façon artificielle créent de la richesse sans contreparties économiques concrètes. Oui quand il s’agit de se transporter d’un point A à un point B dans un laps de temps le plus court pour profiter de 8 jours de « vacances » à 10 000 km, de se rendre à son travail avec les contraintes présentielles et des horaires encadrés. Oui quand il s’agit de se faire livrer à domicile un produit acheté sur wish, amazon, et autres plateformes que nous adorons et qui contribuent à la surconsommation, donc au gaspillage, donc à l’exponentielle explosion de la quantité de déchets dont nous sommes envahis. Non sur la préservation de la valeur ajoutée quand il faut rentrer une récolte avant la pluie, quand il est nécessaire de traiter une urgence médicale, quand la police intervient pour agir contre une malveillance… peu d’activités humaines sont indispensables avec le processus de la vitesse, ce n’est qu’une vision du monde liée à l’assouvissement de désirs immédiats, avec cet axiome, après moi le déluge, moi d’abord ! seulement voilà, vitesse et moi d’abord, c’est la cause de nos problèmes écologiques. Serait-ce inhumain de mettre sur le marché des véhicules dont les indicateurs de vitesse et les motorisations seraient en adéquation avec les limitations règlementaires ? pourquoi encore vendre en France des voitures qui ont la capacité de rouler à 180km/h voir 200 et plus quand sur l’ensemble du réseau routier, c’est 130 km/H Maximum. Une dissonance cognitive ? non ? si !

La surconsommation. Rien à ajouter, CQFD.

Pour conclure, la consommation oui, la surconsommation non ! est-ce de la décroissance ? certainement pas !

La croissance écologique est ce qui permettra de réconcilier nos modes de vie avec nos exigences en matière de confort en évoluant vers une économie écologique. Les personnels politiques ont dès aujourd’hui une responsabilité majeure, car ils et elles sont convié(e)s à construire dès aujourd’hui une organisation des activités humaines, compatibles avec ce dont parlait il y a plus de cent ans, Théodore Roosevelt. Mais voilà, les générations futures quand on est dans le présent, c’est pas gagné. 😉

 

 

 

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